L’année 2024 marquera un tournant pour la planète : elle est sur le point de devenir la plus chaude jamais enregistrée, selon un rapport de l’Observatoire européen Copernicus sur le changement climatique. « Il est de fait certain que 2024 sera l’année la plus chaude enregistrée et dépassera de plus de 1,5 °C le niveau préindustriel », annonce le service changement climatique (C3S) de l’observatoire européen Copernicus ce lundi 9 novembre. Ce record, qui franchit pour la première fois le seuil critique de 1,5 °C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle, souligne une réalité inquiétante : la lutte contre le changement climatique est loin d’être gagnée.
« Avec les données Copernicus de l’avant-dernier mois de l’année, nous pouvons désormais confirmer avec une quasi-certitude que 2024 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée et la première année civile au-dessus de 1,5°C. Cela ne signifie pas que l’Accord de Paris a été violé, mais cela signifie qu’une action climatique ambitieuse est plus urgente que jamais », a déclaré Samantha Burgess, directrice adjointe du service Copernicus sur le changement climatique.
2024 a été marquée par une série de catastrophes climatiques sans précédent. Vagues de chaleur écrasantes, incendies massifs, inondations ravageuses, cyclones d’une intensité accrue : aucun continent n’a été épargné. Ces événements, en plus de causer des pertes humaines tragiques, exacerbent les crises économiques et humanitaires existantes.
« La fréquence et l’intensité des événements extrêmes ne feront qu’augmenter si nous ne réduisons pas rapidement les émissions de carbone, » avertit le climatologue Jean Jouzel.
L’Accord de Paris, signé en 2015, visait précisément à limiter ce type de dérives en maintenant le réchauffement mondial sous la barre des 1,5 °C. Dépasser ce seuil, même temporairement, est un rappel brutal que les engagements actuels sont insuffisants.
Pourquoi 2024 franchit-elle ce seuil ?
Trois principaux facteurs expliquent cette hausse record des températures :
- El Niño : Ce phénomène naturel, en réchauffant les eaux du Pacifique, contribue à une augmentation globale des températures.
- Émissions persistantes de gaz à effet de serre : Les émissions de CO2 et de méthane continuent d’augmenter dans plusieurs régions, amplifiant le réchauffement climatique.
- Déforestation et urbanisation : Ces activités humaines, en détruisant les puits de carbone naturels, aggravent les effets des gaz à effet de serre.
Malgré ce contexte alarmant, les experts rappellent que l’objectif de l’Accord de Paris n’est pas totalement hors d’atteinte. Mais pour y parvenir, une intensification immédiate des efforts mondiaux est indispensable.
António Guterres, secrétaire général de l’ONU, a lancé un appel urgent : « Mettez fin aux subventions pour les énergies fossiles, accélérez la transition énergétique et investissez massivement dans les énergies renouvelables. »
La préservation des puits de carbone naturels, comme les forêts tropicales, est également essentielle. Ces solutions ne suffiront cependant que si elles s’accompagnent d’une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre et d’un engagement collectif sans précédent.
2024 est bien plus qu’un record de chaleur : c’est un signal d’alarme. Chaque degré supplémentaire met en péril des écosystèmes, des économies et des vies humaines. Mais cette année peut aussi être un catalyseur : une chance pour l’humanité de prouver qu’elle est capable de surmonter ce défi existentiel. Le temps presse, mais il n’est pas trop tard.