L’année 2024 s’en va comme toutes les précédentes, marquée par une dégradation continue d’Haïti sur les plans politique, économique et social. Malgré l’arrivée de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) et d’autres mesures prises, les gangs armés continuent d’étendre leur emprise, plongeant le pays dans une instabilité profonde. Voici un récapitulatif des faits marquants de l’année.
Mis à l’écart de l’ancien Premier ministre Ariel Henry
Après de nombreuses manifestations dans tout le pays réclamant sa démission, le 24 avril 2024, le Dr Ariel Henry a finalement remis sa lettre de démission au Conseil des ministres. Cette décision est intervenue après que des gangs armés, occupant près de 80 % de la capitale, ont entravé son retour au pays après sa visite au Kenya. Dans une déclaration remarquée, Jimmy Chérizier, alias Barbecue, leader du groupe G9, avait averti : “Si Ariel Henry ne démissionne pas, si la communauté internationale continue de le soutenir, cela entraînera une guerre civile qui se terminera par un génocide.”
Installation du Conseil Présidentiel de Transition
Suite à la démission forcée d’Ariel Henry, un Conseil Présidentiel de Transition (CPT), composé de neuf membres, a été installé le 12 avril 2024 pour assurer l’intérim. Ce conseil, soutenu par la CARICOM et d’autres pays amis d’Haïti, inclut Edgard Leblanc Fils, Smith Augustin, Louis Gérald Gilles, Fritz Jean, Laurent St-Cyr, Emmanuel Vertilaire, Lesly Voltaire, Régine Abraham et Frinel Joseph.
Nomination de Garry Conille comme Premier ministre
Le 12 juin 2024, le CPT a nommé Garry Conille Premier ministre avec pour mission de rétablir la sécurité et d’organiser des élections. Cependant, malgré des promesses ambitieuses et le déploiement de la MMSS, l’insécurité a continué de croître dans le pays.
On se souvient notamment de sa déclaration remplie d’espoir de ce dernier, promettant une récupération des territoires perdus : “Maison par maison, quartier par quartier, ville par ville.” Malheureusement, des tensions entre les membres du CPT et Garry Conille ont conduit à sa révocation par le Conseil le 16 novembre 2024.
Arrivée de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité
Après la demande formulée par Ariel Henry lors de l’Assemblée générale des Nations Unies le 22 septembre 2023, un premier contingent de 200 policiers kényans a été déployé en Haïti le 25 juin 2024. Ce déploiement visait à répondre à la montée en puissance des gangs armés.
Évolution sécuritaire
Malgré le déploiement des soldats de la MMSS et les nombreuses stratégies mises en place, dont la réponse populaire du “BWA KALE” et le fameux “Mariage Police et Population” (MPP) initié par Normil Rameau, directeur général de la PNH, la situation sécuritaire s’est détériorée. L’année a été marquée par la formation d’une coalition de gangs nommée Viv Ansanm et par des massacres tragiques dans des localités comme Pont Sondé et La Saline.
Déclarations d’Edgar Leblanc Fils à l’ONU
Le 26 septembre 2024, à l’occasion de la 79ᵉ Assemblée générale des Nations Unies, Edgard Leblanc Fils, président du CPT, a délivré un discours poignant. Abordant des thèmes tels que le changement climatique, l’insécurité alimentaire et la migration, il a également demandé une transformation de la MMSS en mission onusienne de maintien de la paix.
M. Leblanc a également rappelé l’injustice historique subie par Haïti en 1825, lorsque le pays fut contraint de payer une dette pharaonique à la France en échange de la reconnaissance de son indépendance. Il a appelé à un soutien international pour exiger la restitution de cette somme.
Révocation de Garry Conille et nomination d’Alix Didier Fils-Aimé
Après la révocation de Garry Conille le 16 novembre 2024, Alix Didier Fils-Aimé est nommé Premier ministre. Ce dernier, en collaboration avec le CPT, semble déterminé à rétablir la sécurité et à organiser les élections prévues en 2025.
L’année 2024 a illustré les défis colossaux auxquels Haïti est confrontée : une gouvernance instable, une insécurité galopante et une population désabusée face à des promesses non tenues. Malgré les changements au sein de la direction politique et l’intervention de la Mission Multinationale, les résultats escomptés tardent à se concrétiser. L’absence de solutions durables, conjuguée à une fragilité économique et sociale, alimente un sentiment croissant de désillusion.
Comment Haïti peut-elle transformer ces défis récurrents en opportunités pour instaurer un État stable, sûr et capable de répondre aux aspirations légitimes de son peuple ?
Malgré ces événements majeurs, l’année 2024 s’achève sur une note de grande incertitude. Les questions sur la sécurité, la stabilité politique et l’avenir économique du pays restent sans réponses concrètes.
