Haïti : Le gouvernement promet de poursuivre les personnes sanctionnées pour déstabilisation, mais des doutes persistent

Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), par la voix de Leslie Voltaire, a annoncé ce matin des mesures pour enquêter et poursuivre les individus sanctionnés par le Canada, les États-Unis et l’ONU pour leur rôle présumé dans la déstabilisation d’Haïti.
Le président du CPT, Leslie Voltaire Le président du CPT, Leslie Voltaire
Le président du CPT, Leslie Voltaire

Port-au-Prince — Ce matin, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), par la voix de son président Leslie Voltaire, a annoncé une série de mesures visant à enquêter et à poursuivre les individus sanctionnés par le Canada, les États-Unis et les Nations unies pour leur rôle présumé dans la déstabilisation d’Haïti. Dans un message publié sur son compte X (anciennement Twitter), Voltaire a déclaré que le Premier ministre avait été chargé de recueillir et d’examiner toutes les preuves disponibles contre ces personnes, afin de les traduire en justice.

Cette annonce intervient dans un contexte de crise sécuritaire et politique sans précédent en Haïti, où les gangs armés étendent leur emprise sur une grande partie du territoire, semant la terreur parmi la population et paralysant l’économie du pays. Les sanctions internationales, ciblant des figures politiques, économiques et criminelles, ont été saluées comme une étape importante dans la lutte contre l’impunité. Cependant, la question reste posée : le gouvernement haïtien dispose-t-il des moyens et de la volonté politique nécessaires pour arrêter, juger et condamner ces individus puissants ?

Un engagement ferme, mais des défis immenses

Dans son message, Leslie Voltaire a insisté sur la détermination de l’État à agir avec fermeté. “Le gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires pour enquêter et engager des poursuites. L’État agira avec fermeté pour traduire en justice ceux qui sapent la sécurité et la stabilité d’Haïti”, a-t-il déclaré. Il a également appelé la population à rester vigilante face aux tentatives de manipulation et de déstabilisation, en évitant de tomber dans “le piège des gangs et de ceux qui servent leurs intérêts”.

Cependant, les défis sont nombreux. Haïti souffre d’une faiblesse chronique de son système judiciaire, marqué par un manque de ressources, une corruption endémique et une influence persistante des élites politiques et économiques. Les personnes sanctionnées par la communauté internationale sont souvent des figures influentes, disposant de réseaux étendus et de moyens financiers considérables. Leur arrestation et leur jugement nécessiteraient non seulement une volonté politique inébranlable, mais aussi une coopération étroite entre les institutions haïtiennes et les partenaires internationaux.

Des doutes sur la capacité du gouvernement

Malgré les promesses du CPT, de nombreux observateurs restent sceptiques quant à la capacité du gouvernement à mener à bien ces poursuites. “Les sanctions internationales sont un pas dans la bonne direction, mais elles ne suffisent pas. Sans un système judiciaire indépendant et fonctionnel, il sera difficile de traduire en justice ceux qui ont plongé Haïti dans le chaos”, a déclaré un analyste politique.

Par ailleurs, la situation sécuritaire rend toute action judiciaire complexe. Les gangs armés, souvent liés aux individus sanctionnés, contrôlent de larges zones du pays, y compris des quartiers stratégiques de la capitale, Port-au-Prince. Toute tentative d’arrestation pourrait déclencher des violences supplémentaires, mettant en danger la population civile déjà vulnérable.

Un appel à la vigilance

Dans son message, Voltaire a également appelé la population à la vigilance, soulignant l’importance de ne pas se laisser manipuler par les gangs et leurs alliés. Cet appel reflète la réalité d’un pays où la désinformation et les discours manipulateurs sont souvent utilisés pour semer la division et justifier la violence.

L’annonce du CPT marque une volonté affichée de restaurer l’ordre et la justice en Haïti. Cependant, la route vers la stabilité reste semée d’embûches. Pour que ces promesses se concrétisent, il faudra non seulement un engagement ferme des autorités haïtiennes, mais aussi un soutien accru de la communauté internationale, ainsi qu’une réforme en profondeur du système judiciaire et sécuritaire du pays.

En attendant, la population haïtienne, épuisée par des années de crise, observe avec un mélange d’espoir et de scepticisme les développements politiques, espérant que cette fois, les paroles seront suivies d’actions concrètes.

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