Entre 30 000 et 38 000 personnes ont défilé ce dimanche dans le centre de Berlin pour dénoncer la montée de l’extrême droite et exhorter les partis traditionnels à maintenir leur refus de toute collaboration avec ces mouvements. Cette manifestation intervient à une semaine des élections législatives fédérales allemandes, prévues le 23 février 2025.
Un “cordon sanitaire” en question
Les manifestants ont réaffirmé leur engagement en faveur du « cordon sanitaire », une doctrine politique en vigueur depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale visant à empêcher toute alliance avec les formations d’extrême droite. Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte de tensions accrues, après un rapprochement au Parlement entre le bloc conservateur CDU/CSU et l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), parti classé à l’extrême droite.
Fin janvier, ces deux groupes avaient voté ensemble une motion de censure contre le gouvernement, déclenchant une vive polémique et ravivant les craintes d’un effritement du consensus politique historique en Allemagne.
Une contestation citoyenne d’ampleur nationale
Cette nouvelle manifestation s’inscrit dans un mouvement de contestation plus large. Depuis début février, des centaines de milliers d’Allemands sont descendus dans la rue pour exprimer leur opposition à l’AfD.
- Le 2 février, entre 160 000 et 250 000 personnes avaient déjà manifesté à Berlin.
- Le 8 février, environ 250 000 personnes s’étaient rassemblées à Munich.
Ces mobilisations, parmi les plus importantes de ces dernières décennies, illustrent une prise de position citoyenne inédite contre la progression de l’extrême droite sur la scène politique allemande.
Des enjeux cruciaux avant les élections
Selon les derniers sondages, l’AfD est créditée de 20 % à 21 % des intentions de vote, ce qui pourrait en faire la deuxième force politique du pays derrière la CDU/CSU, qui recueille 30 % à 32 %.
Ce score marquerait un record pour l’AfD, un parti fondé en 2013, qui a su capitaliser sur le mécontentement lié aux politiques migratoires et énergétiques du gouvernement sortant. Face à cette montée en puissance, les partis traditionnels, notamment les sociaux-démocrates (SPD) et les Verts, appellent à une coalition élargie pour empêcher l’AfD de jouer un rôle clé dans la future gouvernance.
Les résultats du 23 février seront donc déterminants pour l’avenir du « cordon sanitaire » et le rapport de force au sein du paysage politique allemand.