PORT-AU-PRINCE — Fritz Alphonse Jean a officiellement pris ses fonctions à la tête du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) ce vendredi 7 mars 2025, succédant à Leslie Voltaire. Ce dernier, en poste depuis octobre 2024, a vu son mandat marqué par une recrudescence de la violence des gangs, rendant toute gouvernance difficile.
Lors de la cérémonie d’investiture à Villa d’Accueil, Jean a insisté sur l’urgence de rétablir la sécurité et annoncé un « budget de guerre » pour lutter contre l’insécurité. Parmi ses premières mesures, il prévoit :
- Le recrutement de 3 000 nouveaux policiers et militaires.
- Le renforcement de la surveillance aérienne et maritime.
- La réactivation de l’Agence Nationale de Renseignement.
Un combat contre la corruption
Jean a également promis une lutte accrue contre la corruption, un mal qu’il considère comme un facteur aggravant de la crise. Il entend renforcer les institutions de contrôle, notamment l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) et la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA). Il prévoit aussi de mettre en place une ligne téléphonique permettant aux citoyens de signaler les abus administratifs.
« La corruption alimente l’instabilité. Il faut des institutions fortes pour retrouver la stabilité nationale », a-t-il affirmé.
Une population sceptique
Malgré ces annonces, la population haïtienne reste dubitative quant à la capacité du CPT à mettre en œuvre ces réformes. Devant le lieu de la cérémonie, des manifestants exprimaient leur frustration.
« Trois présidents se sont succédé en moins d’un an, et rien n’a changé. Qu’est-ce qui nous garantit que Fritz Alphonse Jean fera mieux ? », s’interroge un manifestant brandissant une pancarte sur laquelle on pouvait lire : « Fritz Alphonse Jean = Sécurité ? »
Elections et avenir politique
Jean, troisième président du CPT en moins d’un an, devra diriger jusqu’en août 2025 avant de céder la place à Laurent Saint-Cyr, qui aura pour mission principale d’organiser les élections prévues en février 2026.
Reste à voir si son mandat marquera un tournant dans la crise que traverse Haïti ou s’il sera, comme ses prédécesseurs, incapable de répondre aux attentes d’une population à bout de souffle.