Pourquoi persistons-nous dans des habitudes inefficaces ?

Pourquoi continuons-nous parfois à répéter des comportements qui ne nous apportent plus rien ? Derrière cette persévérance parfois irrationnelle se cachent des mécanismes fascinants du cerveau.
Un jeune homme regarde le ciel, en quête de sérénité. Crédit photo: J'Waye Covington via UNSPLASH Un jeune homme regarde le ciel, en quête de sérénité. Crédit photo: J'Waye Covington via UNSPLASH
Un jeune homme regarde le ciel, en quête de sérénité. Crédit photo: J'Waye Covington via UNSPLASH


Denis Diderot disait : “Ce qui est aujourd’hui un paradoxe pour nous sera pour la postérité une vérité démontrée.” Et un auteur inconnu s’aurait exprimé sur le même thème en affirmant : “Le paradoxe est le moteur de la pensée : c’est en affrontant les contradictions que l’on découvre la profondeur du réel.” 

Mesdames messieurs, le système recompense expliqué dernierement met a nue l’un des plus grands paradoxe du phénomène humain. En théorie, selon le système de récompense et de punition, si un comportement ne génère plus de gain ou devient inefficace, nous devrions naturellement nous en éloigner. C’est d’ailleurs un principe fondamental du conditionnement opérant, formulé par B.F. Skinner : Un comportement qui entraîne une conséquence négative a plus de chances d’être abandonné et Si un comportement qui apportait une récompense cesse d’être récompensé, il finit par disparaître. Cependant, dans la réalité, ce n’est pas aussi simple. Il arrive souvent que nous persistions parfois dans des comportements qui ne nous apportent plus de bénéfices. Qu est ce qui explique cela? 

Voyons ensemble quelques explications que la psychologie et les neurosciences nous offrent.

1- L’effet de l’investissement passé

Lorsque nous avons consacré beaucoup de temps, d’énergie ou de ressources à un comportement ou une stratégie, nous avons du mal à l’abandonner, même si elle ne fonctionne plus. Nous avons tendance à penser : “J’ai déjà investi tant d’efforts, ce serait du gâchis de tout laisser tomber maintenant.”

2- Le conditionnement intermittent et la dopamine

Le cerveau apprend par récompense, mais il est particulièrement sensible aux récompenses imprévisibles. Lorsqu’un comportement est récompensé de manière irrégulière (parfois oui, parfois non), cela renforce encore plus la persévérance. Car dans ces situations, la libération de dopamine est plus forte que si la récompense était constante, car l’incertitude crée une excitation et une anticipation plus intenses. (par exemple, les notifications aléatoires sur un téléphone, les likes imprévisibles sur Instagram, ou les loot boxes dans les jeux vidéo)

3- La mémoire des récompenses passées 

Même si un comportement ne fonctionne plus, le cerveau garde en mémoire les moments où il a fonctionné par le passé. Cela crée une attente inconsciente qui pousse à persévérer, même si le contexte a changé.

4- L’illusion de controle 

Le cerveau humain aime croire qu’il contrôle les événements, même lorsque ce n’est pas le cas. Cette illusion nous fait penser que nos efforts finiront forcément par porter leurs fruits.

Ainsi, loin d’être un simple mécanisme binaire de récompense et de punition, notre cerveau est influencé par des biais cognitifs et des processus complexes qui nous poussent à persévérer même lorsque la logique voudrait que nous arrêtions. Ce paradoxe, inhérent à la nature humaine, nous amène à nous interroger : sommes-nous réellement maîtres de nos décisions, ou bien sommes-nous inconsciemment guidés par les schémas que notre cerveau a ancrés en nous ? Quand est ce que tu es dans un schéma de perseverance constructive ou dans une obstination irrationnelle?

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