Ce jeudi 13 mars 2025, lors de l’émission Premye Okazyon, le journaliste Guerrier Dieuseul a annoncé que le bâtiment de la Radio Télévision Caraïbes (RTVC), situé à la rue Chavanne, à Port-au-Prince, a été attaqué et incendié tôt dans la matinée par des membres de la coalition armée baptisée Viv Ansanm.
Les employés de la RTVC avaient déjà été contraints de quitter les locaux de la station depuis mars 2024 en raison de l’insécurité croissante dans la zone. Ils avaient alors relocalisé leurs activités à Pétion-Ville. En effet, les gangs armés, qui contrôlent désormais près de 85 % de la capitale haïtienne, n’épargnent rien sur leur passage.
Détermination face à l’adversité
Réagissant à cette attaque, le président-directeur général de la RTVC, Patrick Moussignac, a affirmé que lui et son équipe continueront de travailler malgré la situation. “Mesye, kontinye travay ! Se travay nou konn fè, bandi pa p fè nou kanpe,” a-t-il déclaré, insistant sur leur engagement à poursuivre leur mission journalistique. Il a également annoncé que la RTVC retournera à la rue Chavanne une fois que la situation le permettra.
De son côté, Marc-Anderson Bregard, directeur général de la RTVC, a souligné que cet incendie ne représente pas seulement la destruction d’un bâtiment, mais aussi la perte de sept studios de production ainsi que d’importants biens matériels et symboliques, notamment des distinctions honorifiques. Il a exprimé sa gratitude envers les amis et auditeurs ayant manifesté leur soutien à l’équipe de la station.
Dans la foulée, il a annoncé la suspension de son émission Canal Musical, diffusée sur les ondes de la 94.5 FM du lundi au vendredi de 16h à 18h. “On ne peut pas danser et on ne peut pas faire danser sur les cendres de notre radio,” a-t-il martelé.
Une menace pour la liberté de la presse
Cet incendie s’inscrit dans un contexte de violence généralisée contre les médias en Haïti. Nombreux sont ceux qui estiment que cette attaque contre la RTVC constitue une atteinte directe à la liberté de la presse et à la liberté d’expression dans le pays.
La RTVC n’est d’ailleurs pas la seule victime. Le journal Le Nouvelliste a également été pillé par des gangs ces derniers mois. De nombreux journalistes haïtiens subissent des agressions, des menaces et, dans certains cas, des assassinats ou des disparitions forcées. Parmi les journalistes ayant perdu la vie dans l’exercice de leur métier, on peut citer Brignol Lindor, Jacques Roche et Garry Tess.
Avec cette attaque contre l’une des plus grandes stations du pays, la presse haïtienne subit une nouvelle fois un revers inquiétant dans un climat déjà marqué par l’insécurité et l’impunité des groupes armés.