La trajectoire politique de Marine Le Pen vient de subir un coup d’arrêt majeur. Ce lundi 31 mars, la présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale a été condamnée à cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, dans le cadre de l’affaire des assistants parlementaires européens. Une peine assortie de quatre ans de prison, dont deux fermes sous bracelet électronique, et d’une amende de 100 000 euros.
Cette condamnation, qui prend effet immédiatement, met en péril sa candidature à l’élection présidentielle de 2027, alors même qu’elle se positionnait comme l’une des figures majeures de l’opposition.
L’affaire remonte aux années 2012 à 2017, période durant laquelle plusieurs assistants parlementaires du Front national, devenu Rassemblement national, auraient été rémunérés par le Parlement européen sans exercer de réelles fonctions liées à celui-ci. Ces postes auraient en réalité servi à des missions strictement nationales, au bénéfice du parti.
Selon la justice, Marine Le Pen aurait elle-même organisé ce système, demandant à ses eurodéputés de n’embaucher qu’un seul assistant véritablement actif à Bruxelles, pour détourner le reste de l’enveloppe à d’autres fins.
Le préjudice global est estimé à 4 millions d’euros.
D’autres figures concernées
Le jugement touche aussi Louis Aliot, maire de Perpignan, condamné à trois ans d’inéligibilité et six mois de prison ferme. Le parti Rassemblement national, en tant que personne morale, a quant à lui écopé d’une amende de deux millions d’euros.
Une onde de choc politique
La réaction des partis politiques ne s’est pas fait attendre. Jordan Bardella, président du RN, a dénoncé une “instrumentalisation de la justice” et une atteinte à la démocratie. À gauche, les réactions sont plus nuancées. Jean-Luc Mélenchon plaide pour que la destitution d’un élu passe par le suffrage universel, tandis que Marine Tondelier (Écologistes) et Prisca Thevenot (ancienne ministre) ont salué une décision marquant l’égalité devant la loi.
À l’international, Viktor Orban a affiché son soutien à Le Pen sur X, tandis que la Russie a dénoncé une atteinte aux normes démocratiques.
Quels scénarios pour 2027 ?
Marine Le Pen a immédiatement fait appel, ce qui ouvre une série de scénarios juridiques.
- Si la cour d’appel ne statue pas avant la présidentielle, l’exécution provisoire rend sa candidature impossible.
- Si la peine est allégée à moins de deux ans d’inéligibilité, elle pourrait à nouveau être éligible à temps.
- La procédure de relèvement, qui permet de supprimer une peine d’inéligibilité, ne pourra être engagée qu’à partir de septembre 2025.
- Enfin, une Question Prioritaire de Constitutionnalité (QPC) pourrait être soulevée pour contester l’exécution immédiate de la peine.
D’ici là, elle perd dès à présent son mandat de conseillère départementale. Elle conserve son siège de députée à l’Assemblée nationale, mais ne pourrait pas se représenter en cas de dissolution.
Bardella, successeur désigné ?
Bien que Jordan Bardella n’ait pas été mis en cause dans cette affaire, il pourrait incarner la relève en vue de 2027. Déjà pressenti comme son héritier politique, sa posture dans les prochains mois sera cruciale pour l’avenir du RN.
La condamnation de Marine Le Pen change profondément le paysage politique à l’approche de l’échéance présidentielle. Si elle espère encore un retournement juridique, le chemin vers 2027 semble désormais semé d’obstacles presque insurmontables.