Le 6 août 2025, à 8h15, Hiroshima commémore le 80ᵉ anniversaire du premier bombardement nucléaire avec une minute de silence précise, réunissant des représentants de 120 pays et régions. Le maire de Hiroshima a souligné les tensions internationales actuelles — notamment en Ukraine et au Proche‑Orient — tandis que les survivants (“hibakusha”) ont renouvelé leur appel à l’abolition totale des armes nucléaires (RFI, actu-express).
Des récits poignants recueillis auprès des derniers témoins, comme Yoshiko Kajimoto, décrivent la lumière sphérique, l’explosion puis des scènes d’horreur : débris humains, corps brûlés, cris de douleur, et suffocation sous la chaleur écrasante. Une poignée de survivants continue de transmettre ces mémoires aux jeunes générations, notamment via des programmes éducatifs à Hiroshima (onemedia.fr).
Chiffres actuels et état des lieux des arsenaux nucléaires
Le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) estime, au 1ᵉʳ janvier 2025, que le monde compte 12 241 ogives nucléaires, dont environ 9 614 en stock militaire et 3 912 déployées sur des vecteurs opérationnels (missiles ou bombardiers). Environ 2 100 ogives sont maintenues en haute alerte, principalement par les États‑Unis et la Russie (Defence Industry Europe).
« Les hibakusha, aujourd’hui octogénaires, dénoncent l’indifférence croissante face à l’essor de la dissuasion nucléaire. »
« Nous n’avons plus beaucoup de temps pour convaincre les puissances nucléaires », déplore Nihon Hidankyo.
Répartition par pays (estimation SIPRI janv. 2025) :
| Pays | Ogives totales | Déploiement | Notes principales |
| Russie | ≈ 5 459 | ≈ 1 718 | Le plus grand stock encore déployé (Wikipedia) |
| États‑Unis | ≈ 5 177 * | ≈ 1 770 | Modernisation de l’arsenal, bombes tactiques et stratégiques (Wikipedia) |
| Chine | ≈ 600 | en accroissement rapide | Croissance d’environ 100 ogives/an, triade nucléaire complète (Wikipedia, Chronicle India) |
| France | ≈ 290 | stable | Modernisation en cours, nouveau missile cruise ASN4G (The Times of India, Chronicle India) |
| Royaume‑Uni | ≈ 225 | stable mais en projet de montée à 260 | Prévision de rehausser le plafond à 260 ogives (The Times of India, Chronicle India) |
| Inde | ≈ 180 | en expansion | Renforcement face à Pakistan/Chine, système triade (The Times of India, Wikipedia, Chronicle India) |
| Pakistan | ≈ 170 | en développement | Développement d’un système triade incluant missiles mer‑terres (The Times of India, Wikipedia, Chronicle India) |
| Israël | ≈ 90 | incertain | Maintient une politique d’opacité nucléaire (SIPRI, The Times of India) |
| Corée du Nord | ≈ 50 ogives, potentiellement jusqu’à 90 selon fissile disponible | en croissance | Programme central à la sécurité nationale nord-coréenne (Wikipedia, The Times of India) |
: Le chiffre pour les États‑Unis provient du rapport SIPRI et de sources complémentaires, estimé à 3 700 ogives ou 5 177 selon critères de total inclus ou non les réserves (Wikipedia, The Times of India).
Enjeux actuels : modernisation, course à l’armement et fragilité des traités
- Le nouveau rapport SIPRI (juin 2025) alerte sur une reprise de la course aux armements nucléaires, à un moment où les régimes de contrôle comme le New START (arrivant à expiration en février 2026) sont affaiblis ou menacés (par exemple, l’hypothèse d’une politique moins favorable sous un éventuel nouveau mandat Trump) (SIPRI, El País, Reuters, Aftenposten).
- La modernisation est quasi généralisée : les neuf puissances nucléaires poursuivent le développement de nouvelles bombes (basse ou haute capacité), d’ICBMs, de sous-marins lance-missiles, d’armes hypersoniques ou de systèmes d’intelligence artificielle potentiellement liés à l’alerte nucléaire (Wikipedia).
- Le découplage entre possession et transparence augmente le risque politique : certains pays (Israël, Corée du Nord) maintiennent des politiques d’opacité totale ou partielle, rendant incertain le réel état des arsenaux (SIPRI, Wikipedia).
- Les tensions régionales (Ukraine, Moyen‑Orient, Inde/Pakistan) encouragent des réflexions sur la prolifération. Des pays comme l’Iran, l’Arabie saoudite ou la Corée du Sud expriment des intentions ou craintes d’aller vers la bombe nucléaire en réponse à des menaces régionales (senecanada.com).
Pourquoi cet anniversaire est toujours aussi pertinent
- Transmission mémoire-jeune génération : Comme l’illustre le rôle des “gardiens de la mémoire” à Hiroshima, la transmission des témoignages (notamment de survivants aujourd’hui âgés de plus de 90 ans) permet de relier émotions et témoignages à des politiques de prévention nucléaire (onemedia.fr).
- Plaidoyer pour l’abolition : Des initiatives citoyennes et organisations comme ICAN ou HOPe relancent l’urgence du désarmement en s’appuyant sur la symbolique de Hiroshima comme point de départ d’un mouvement mondial (Hiroshima Prefecture).
- Contexte international instable : Les commémorations alimentent le débat dans un contexte de fragilisation des traités internationaux et de montée de la dissuasion dans plusieurs régions du monde (SIPRI, airforce-technology.com, Reuters).
À 80 ans du début de l’ère atomique, les commémorations d’Hiroshima et de Nagasaki restent un marqueur puissant du danger nucléaire. Si les populations et les survivants rappellent l’horreur vécue, l’analyse contemporaine révèle un scénario inquiétant : reprise de la course aux armements, modernisation active, relâchement des régimes de contrôle, et prolifération régionale potentielle. Dans ce climat, le message de paix, de mémoire et d’abolition lancé en 1945 reste plus nécessaire que jamais.
