Peintre, professeur de fabrication de cerfs-volants, musicien, interprète de poésie parlée et auteur engagé sur le thème de la critique sociale, Tètpwav Solèy explore les multiples facettes de l’art. Né le 15 novembre 1975 à l’hôpital Chancerelle, aussi connu sous le nom d’hôpital Isaïe Jeanty, dans le quartier de Cité Soleil à Port-au-Prince, il a grandi dans une famille qui lui a transmis le goût de la culture et la force de défendre ses convictions. Ses parents, malgré leurs difficultés à offrir une vie meilleure à leurs enfants, ont toujours conservé le sourire, inspirant chez lui une philosophie de vie optimiste qu’il revendique encore aujourd’hui.
Age de 50 ans et vivant aux États-Unis, Tètpwav Solèy s’apprête à présenter au public son nouvel ouvrage Konnen Mal, Lespri Chè, lors d’une vente-signature fait le 24 août 2025 à Celebs and Starts Hall au ( 175 E Merrick Rd Valley, NY 11580) , un rendez-vous littéraire et artistique qui réunira la diaspora haïtienne.
Un livre pour éveiller la conscience
Dans un entretien accordé avant l’événement, l’auteur revient sur son parcours et les influences qui l’ont mené vers l’écriture.
« J’ai un parcours professionnel, institutionnel et de contribution. La personne qui m’a inspiré, c’est ma mère, à travers l’éducation et l’encadrement qu’elle m’a donnés. Elle m’a appris à comprendre les êtres humains. L’être humain est un outil pour soi-même, mais aussi pour la communauté. Que peut-on construire sans les gens ? » explique-t-il.
« Cet ouvrage casse les illusions pour atteindre la conscience. »
« Être haïtien signifie aimer, respecter et aider Haïti, peu importe où l’on vit. » — Tètpwav Solèy
Connu sous le nom de plume Tètpwav Solèy, il précise qu’il ne s’agit pas d’un choix littéraire, mais d’une identité héritée dès l’enfance.
« Ce nom m’a été donné dès mon plus jeune âge. En 2019, j’ai décidé de le légaliser pour en faire mon nom officiel », confie-t-il.
Le titre Konnen Mal, Lespri Chè reflète la philosophie de l’auteur. « Konnen Mal » signifie affronter les illusions et les douleurs pour éveiller la conscience, tandis que « Lespri Chè » met en avant la valeur et la dignité de l’esprit humain.
Pour lui, le livre n’est pas un simple recueil mais un instrument : « Cet ouvrage casse les illusions pour atteindre la conscience. C’est un outil pour comprendre nos origines, notre identité, notre culture et, à partir de là, savoir où nous allons. »
Les thèmes qui traversent le livre incluent la souffrance, la résilience, la spiritualité, l’identité, mais aussi l’importance de la transmission culturelle et de l’évolution de la conscience.
Tètpwav Solèy revendique l’usage du créole haïtien comme langue principale de son œuvre. Selon lui, c’est un choix identitaire et politique qui permet d’exprimer l’essentiel avec simplicité et profondeur. Son style, qu’il appelle Pwav langay, associe poésie, philosophie et performance orale.
Un message fort à la jeunesse et à la diaspora
À travers son livre, l’auteur adresse un appel particulier à la jeunesse haïtienne. « Les jeunes doivent comprendre qu’ils appartiennent à leur époque. Être haïtien signifie être lié à Haïti, peu importe où l’on vit. Il y a trois choses essentielles : aimer Haïti, la respecter et l’aider quand on le peut. On ne peut aimer Haïti sans s’aimer soi-même, et on ne peut l’aider sans s’aider d’abord. »
Aux jeunes de la diaspora, parfois éloignés de leurs racines, il ajoute : « Ne pas savoir n’est pas un défaut. Mais encore faut-il savoir si ce que l’on croit savoir est vrai. L’apprentissage est une transformation. La jeunesse, en Haïti comme ailleurs, a un rôle : aimer, respecter, contribuer. »
Pour Tètpwav Solèy, la diaspora a un rôle déterminant dans la valorisation de la culture haïtienne. « La diaspora est un outil, une ressource qui symbolise la résistance. Son devoir est d’aimer et d’aider quand elle le peut. Son rôle est de contribuer », affirme-t-il.
Un écrivain engagé face à la situation nationale
Interrogé sur la crise actuelle du pays, l’auteur ne parle pas d’une « situation d’Haïti », mais d’une « situation des Haïtiens ».
« Haïti est un espace géographique. Mais ce sont les Haïtiens qui vivent une situation difficile. Un pays repose sur trois valeurs : aimer, respecter et aider. L’État et les citoyens doivent comprendre qu’ils sont avant tout des contributeurs. Quand il y aura cette conscience, les droits et les devoirs prendront tout leur sens », estime-t-il.
Pour l’écrivain, une vente-signature est bien plus qu’un simple événement littéraire. C’est un moment d’échange direct avec le public, mais aussi une célébration artistique où se croisent littérature, théâtre, danse, slam et chant. « C’est un espace de dialogue, où le livre prend corps à travers la voix et la présence », explique-t-il.
Un écrivain engagé face à l’avenir d’Haïti
Lorsqu’on lui demande de résumer sa mission en une phrase, Tètpwav Solèy répond sans hésiter : « En tant qu’écrivain, ma mission est d’écrire ce que l’âme et la conscience peuvent lire, ce que la conscience peut ressentir. »
Avec Konnen Mal, Lespri Chè, Tètpwav Solèy propose bien plus qu’un livre : il invite les Haïtiens, en Haïti comme dans la diaspora, à redécouvrir la valeur de leur identité et à raviver leur conscience collective. À travers ses mots, il rappelle que l’amour, le respect et l’entraide demeurent les piliers indispensables pour construire l’avenir d’un peuple.
