Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé mardi 9 septembre la nomination de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre. L’ancien ministre des armées succède à François Bayrou, contraint de remettre sa démission après l’adoption d’une motion de censure à l’Assemblée nationale.
Âgé de 39 ans, Sébastien Lecornu est considéré comme l’un des piliers du macronisme. Ministre depuis 2017, il détient le record de longévité gouvernementale sous la présidence d’Emmanuel Macron. Peu médiatisé mais reconnu pour sa capacité à manœuvrer avec prudence, il est le seul membre du gouvernement à avoir traversé l’ensemble des deux quinquennats présidentiels. Cette constance a fini par faire de lui un allié incontournable pour le chef de l’État.
Une nomination qui suscite des réactions contrastées
L’arrivée de Lecornu à Matignon a immédiatement provoqué des réactions dans la classe politique. Bruno Retailleau, chef des Républicains et ministre de l’intérieur démissionnaire, a estimé qu’il existait désormais une « possibilité de construire une majorité nationale » et s’est dit prêt à travailler avec le nouveau Premier ministre.
À gauche, le ton est tout autre. Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts, a qualifié cette nomination de « provocation » et accusé le président de s’entourer uniquement de son « premier cercle ». Elle a prévenu que cette décision renforcerait la mobilisation sociale. Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, a pour sa part jugé que seul « le départ de Macron lui-même » pouvait mettre fin à ce qu’il appelle une « comédie politique », appelant à une nouvelle procédure de destitution.
Du côté du Rassemblement national, Marine Le Pen a dénoncé une ultime tentative de sauvegarde du macronisme, prédisant des élections législatives anticipées et annonçant que « le prochain Premier ministre s’appellera Jordan Bardella ».
« Sa mission : restaurer la stabilité politique et apaiser une société en colère. »
Une passation de pouvoir dans un climat tendu
La passation de pouvoir entre François Bayrou et Sébastien Lecornu est prévue mercredi à midi à Matignon. Mais ce rendez-vous symbolique s’annonce délicat, puisqu’il coïncide avec une journée de mobilisation nationale organisée par des syndicats, des étudiants et des mouvements sociaux.
À Paris, des actions de blocage sont attendues dans plusieurs points stratégiques, notamment dans les gares et aux abords de la Bourse du travail. Dans les universités, comme à Paris-VIII, les assemblées générales étudiantes débattent d’une convergence avec les luttes sociales, appelant à un mouvement plus large contre le gouvernement.
« Il existe désormais une possibilité de construire une majorité nationale », estime Bruno Retailleau.
La mission confiée par l’Élysée à Sébastien Lecornu est claire : consulter les forces politiques représentées au Parlement pour bâtir des accords, adopter le budget et proposer ensuite la composition de son gouvernement. Dans un contexte d’Assemblée nationale fragmentée et de forte contestation sociale, cette tâche s’annonce particulièrement ardue.
Le nouveau Premier ministre doit donc répondre à un double défi : restaurer la stabilité politique d’un exécutif fragilisé, tout en tentant d’apaiser une société marquée par la colère sociale et la méfiance croissante envers le pouvoir en place.