Port-au-Prince, 9 septembre 2025 — Lors d’une réunion de haut niveau avec le Conseil de sécurité de l’ONU, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a réaffirmé le soutien ferme du gouvernement haïtien à la résolution visant à transformer la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) en une Force de Répression des Gangs (FRG).
Selon le chef du gouvernement, cette évolution représente une étape décisive pour restaurer l’autorité de l’État, protéger les communautés et garantir la stabilité du pays ainsi que de la région. Il a souligné que la mise en place de cette force, dotée d’un mandat renforcé et opérationnel, permettra de créer les conditions nécessaires à l’organisation d’élections démocratiques crédibles dans les meilleurs délais, un enjeu central pour la gouvernance et la légitimité des institutions.
Le Premier ministre a également insisté sur l’importance de la coopération internationale et de la solidarité entre les nations, exprimant la reconnaissance du peuple haïtien envers le Conseil de sécurité pour son engagement en faveur de la paix et de la stabilité. Pour lui, l’adoption et la mise en œuvre rapide de cette résolution refléteront la volonté collective de la communauté internationale d’accompagner Haïti dans sa quête de sécurité et de démocratie.
« Le retour à l’ordre public est la condition sine qua non à la tenue d’élections démocratiques. »
Contexte et enjeux
La MMAS, déployée en 2024 sous commandement kényan, devait initialement fournir un appui logistique et opérationnel à la Police Nationale d’Haïti (PNH). Mais avec moins de 1 000 membres mobilisés, bien en deçà des 2 500 promis, la mission a montré ses limites. Les gangs continuent de contrôler de larges portions de Port-au-Prince et étendent leur influence dans les provinces, paralysant l’économie, les services publics et le quotidien de millions de citoyens.
Face à cet échec relatif, les États-Unis et le Panama ont proposé de renforcer le dispositif par une force de 5 550 membres dotée de pouvoirs élargis, notamment la capacité d’arrêter et de détenir les suspects liés aux gangs. L’objectif : passer d’une logique d’appui policier à une véritable force offensive, capable de démanteler les réseaux criminels les plus structurés.
Une analyse par mise en perspective
La décision de transformer la MMAS en Force de Répression des Gangs marque un tournant stratégique dans l’approche internationale face à la crise haïtienne.
D’abord, elle traduit une reconnaissance explicite de l’échec partiel des mécanismes existants. Les missions d’appui limitées, centrées sur le soutien technique, ne suffisent plus face à l’ampleur des violences. La communauté internationale admet ainsi que seule une force robuste et opérationnelle, disposant de prérogatives coercitives, peut espérer inverser la dynamique.
Ensuite, cette décision s’inscrit dans une dynamique de légitimation politique. Pour Haïti, le retour à l’ordre public est la condition sine qua non à la tenue d’élections démocratiques. Sans sécurité minimale, toute consultation électorale risque d’être illusoire. La transformation de la MMAS en FRG devient donc un levier pour rétablir la confiance institutionnelle et relancer un processus démocratique attendu par la population.
Enfin, cette évolution pose la question de la souveraineté et des risques de dérives. Les interventions internationales passées en Haïti ont parfois laissé des souvenirs douloureux, alimentant la méfiance. Le succès de cette nouvelle force dépendra de sa capacité à travailler en coordination avec la PNH, à respecter les droits humains et à éviter d’apparaître comme une imposition extérieure.
« Cette force dotée d’un mandat renforcé créera les conditions nécessaires à des élections crédibles », a affirmé Alix Didier Fils-Aimé.
En somme, la FRG pourrait représenter un point d’inflexion historique : soit elle parvient à briser l’emprise des gangs et à restaurer l’autorité de l’État, ouvrant la voie à une stabilisation durable, soit elle échoue à convaincre et risque d’aggraver encore la défiance des citoyens. Le pari est risqué, mais pour beaucoup d’Haïtiens, il s’agit d’un dernier espoir avant l’effondrement complet des institutions.