La France a officiellement reconnu l’État de Palestine ce lundi lors d’une session de l’Assemblée générale de l’ONU. Emmanuel Macron a présenté cette décision comme un engagement clair en faveur de la solution à deux États, censée garantir la coexistence d’Israël et de la Palestine comme entités souveraines et indépendantes.
Ce tournant diplomatique intervient après une évolution de la position française depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Alors que Paris avait initialement exprimé un soutien sans réserve à Israël, la multiplication des offensives meurtrières à Gaza a conduit le président français à recentrer sa politique sur la recherche d’un cadre diplomatique durable.
« Un pas important vers une paix juste et durable », a déclaré Mahmoud Abbas.
Aujourd’hui, près de 150 des 193 États membres de l’ONU reconnaissent la Palestine. La reconnaissance française ne transforme pas la Palestine en État membre à part entière des Nations unies — elle conserve son statut d’État observateur non-membre obtenu en 2012 — mais confère un poids politique supplémentaire à ses revendications. Le texte adopté à l’ONU précise par ailleurs que cette reconnaissance ne concerne pas le Hamas, mouvement islamiste classé terroriste par de nombreux pays, afin de l’écarter des futures négociations.
La France a évoqué l’ouverture prochaine d’une ambassade en Palestine, sous réserve notamment de la libération des otages israéliens toujours détenus par le Hamas. Ce point reste l’un des plus sensibles du débat. Certaines organisations juives françaises et personnalités politiques avaient appelé Emmanuel Macron à conditionner la reconnaissance à des garanties plus strictes, comme le démantèlement du Hamas. À droite, Marine Le Pen a dénoncé une « faute grave ». À gauche, plusieurs partis ont salué une avancée symbolique mais jugé qu’elle ne suffirait pas à mettre fin aux bombardements israéliens à Gaza.
Sur le plan international, la France rejoint le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal, qui ont pris des décisions similaires ces derniers jours. Quatre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité reconnaissent désormais la Palestine (France, Royaume-Uni, Russie, Chine), à l’exception des États-Unis, dont le veto peut bloquer toute tentative d’adhésion pleine et entière.
Le gouvernement israélien, de son côté, a laissé planer la menace de représailles diplomatiques. Certains ministres d’extrême droite évoquent un durcissement de la colonisation en Cisjordanie ou la fermeture du consulat français à Jérusalem. Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, a salué pour sa part « un pas important vers une paix juste et durable ».
« Cette décision est une faute grave », a dénoncé Marine Le Pen.
Cette décision française illustre la volonté de replacer la solution à deux États au centre des discussions internationales. Elle demeure toutefois fragile, dans un contexte où la guerre à Gaza a déjà fait plus de 65 000 morts palestiniens selon les chiffres relayés par le Hamas, tandis que la famine et la malnutrition s’aggravent selon l’ONU. Le geste diplomatique ouvre donc une nouvelle étape, mais la paix reste encore hors de portée.