Alors que la Primature publie un nouveau communiqué vantant les efforts du gouvernement pour restaurer la sécurité et préparer les élections, la population haïtienne reste sceptique. À quelques mois de la fin du mandat du Conseil Présidentiel de Transition, peu d’actions concrètes ont vu le jour.
Le communiqué de presse diffusé par la Primature ce 21 octobre 2025 dresse un bilan flatteur de l’action du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé : réunions politiques, rencontres avec le Conseil Électoral Provisoire, commémorations symboliques, et annonces financières pour soutenir le processus électoral.
Selon le texte, un fonds de 65 millions de dollars serait déjà disponible pour organiser des élections « libres, crédibles et inclusives ». Le gouvernement affirme aussi que « les élections ne sont pas une option, mais une obligation ».
Pourtant, plus d’un an après l’installation du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), aucune avancée électorale n’a été enregistrée : pas de calendrier officiel, pas de cadre légal clair, pas de réforme du CEP. Sur le terrain, aucun signe d’organisation logistique, de campagne d’inscription ou de dialogue politique national.
Les annonces se succèdent, mais la réalité demeure : le pays reste sans institutions élues, sans Parlement, sans maire légitime et sans feuille de route concrète vers le retour à l’ordre constitutionnel.
Un pouvoir de transition à bout de souffle
Le mandat du CPT arrive à échéance, et son bilan reste largement contesté. Créé pour rétablir la sécurité, reconstruire la gouvernance et préparer des élections, le Conseil n’a pas tenu ses promesses.
Les forces de l’ordre restent gravement sous-équipées, tandis que la violence des gangs continue de paralyser la capitale. Les rares zones sécurisées sont rapidement reprises par les groupes armés. Quant à la Force de Répression des Gangs (FRG), annoncée en partenariat avec les Nations Unies et les États-Unis, aucun déploiement concret n’a encore eu lieu, et la population n’a jamais été consultée sur cette initiative pourtant décisive pour l’avenir du pays.
Sur le plan social, la misère s’enracine : plus de 200 000 personnes déplacées internes vivent encore dans des conditions précaires, tandis que les écoles rouvertes symboliquement peinent à accueillir leurs élèves faute d’infrastructures et de sécurité.
Un peuple dans l’attente et la désillusion
Au-delà des communiqués et des cérémonies officielles, la majorité des Haïtiennes et Haïtiens n’attendent plus de promesses, mais des actes. La lassitude se lit dans les marchés, dans les écoles désertées, dans les quartiers où les balles rythment le quotidien. Le gouvernement parle de souveraineté, mais le peuple ne voit que vacance de l’État, insécurité et désespoir.
Pour beaucoup, le discours sur la “préparation des élections” n’est qu’une formule de transition destinée à prolonger le mandat d’une équipe en fin de légitimité. Aucune instance indépendante n’a encore confirmé la faisabilité d’un scrutin avant 2026.
Un pays suspendu entre immobilisme et méfiance
Le contraste entre les mots de la Primature et la réalité du pays dévoile une crise de confiance politique profonde. Les institutions de transition semblent davantage préoccupées par la gestion de leur image que par la reconstruction d’un État en ruine. Pendant ce temps, la société haïtienne continue de se fragmenter, cherchant désespérément une direction, un projet, une autorité crédible.
À la veille d’un nouveau tournant incertain, une question demeure : le CPT quittera-t-il le pouvoir avec un véritable bilan, ou laissera-t-il derrière lui une transition sans cap ni résultats tangibles ?