La romancière haïtienne Yanick Lahens a remporté, jeudi, le Grand Prix du roman de l’Académie française 2025 pour son œuvre Passagères de la nuit, publiée aux éditions Sabine Wespieser.
C’est la première fois qu’une autrice haïtienne reçoit cette distinction, l’une des plus hautes récompenses littéraires du monde francophone. Dans un pays souvent associé à ses crises, Lahens a tenu à rappeler qu’« il y a aussi des bonnes nouvelles qui viennent d’Haïti ».
Née en 1953 à Port-au-Prince, Yanick Lahens est bien plus qu’une romancière : c’est une intellectuelle complète et une femme de conviction. Après des études en France, elle est revenue enseigner la littérature en Haïti pendant plus de vingt-cinq ans.
Son engagement pour la culture haïtienne s’est traduit par la création de l’Association des écrivains haïtiens et son combat pour l’introduction du créole dans le système éducatif. Chroniqueuse et cofondatrice de la revue Chemins critiques, elle a fait de sa plume un instrument à la fois esthétique et politique. « Parce qu’on ne diffuse pas souvent les bonnes nouvelles d’Haïti. Il en existe, malgré le chaos apparent et grandissant », a-t-elle déclaré.
Déjà lauréate du Prix Femina 2014 pour Bain de lune, Lahens a souligné que cette nouvelle distinction récompense avant tout la rigueur et la persévérance.
« On écrit parce qu’on a quelque chose d’urgent, de nécessaire et d’essentiel à dire. Si d’autres prix surviennent, je ne cracherai pas dessus. C’est une étape dans ma carrière. Je vais continuer à travailler, parce que c’est aussi le prix du travail. Il faut travailler pour y arriver . Il n’y a ni talent ni génie spontanés », a-t-elle affirmé.
Dans « Passagères de la nuit », Lahens explore les trajectoires de femmes et d’hommes en mouvement, entre Haïti et la diaspora, entre la nuit et la mémoire. Le roman a séduit le jury par son souffle poétique et son regard lucide sur les fractures du monde contemporain.
Cette victoire marque un moment fort pour la littérature haïtienne, qui continue de rayonner malgré les tempêtes. Pour beaucoup, Yanick Lahens incarne la résilience et la dignité d’un peuple qui refuse de se taire.
