Cap-Haïtien – Installée en grande pompe le 28 décembre dernier sur la plage de Carrénage, la statue en hommage à Jean Hérard Richard, alias Ritchie, célèbre leader du groupe KLASS, n’aura pas survécu longtemps. Quelques heures après son inauguration, l’œuvre a été vandalisée par des inconnus.
L’idée de cette statue, portée par des fans dévoués et soutenue par Patrick Almonor, vice-maire du Cap-Haïtien, visait à célébrer la carrière prolifique de Ritchie, véritable icône de la musique haïtienne et authentique Capois. Cependant, cet hommage a immédiatement suscité des critiques de juristes et de citoyens. En cause : l’article 7 de la Constitution de 1987, qui interdit d’ériger des monuments en l’honneur de personnalités vivantes.
Cette initiative, bien que louable dans l’intention, a été qualifiée de violation flagrante des textes juridiques par plusieurs experts.
La destruction de la statue reflète une fracture entre deux visions : d’un côté, ceux qui célèbrent les figures emblématiques encore vivantes, et de l’autre, ceux qui insistent sur le respect du cadre légal. Des partisans du projet, notamment des fans du groupe KLASS, dénoncent un acte de vandalisme inacceptable. À l’opposé, certains voient dans cet acte une réponse prévisible à une décision perçue comme précipitée et controversée.
Au-delà de l’indignation et des critiques, cet événement soulève des questions plus vastes sur la gestion du patrimoine culturel en Haïti. Comment honorer nos héros vivants tout en respectant les cadres légaux ?
Les autorités locales, sous pression, promettent d’organiser une table ronde réunissant juristes, représentants de la mairie et membres de la société civile. L’objectif : éviter que de telles controverses ne se reproduisent.
Et maintenant ?
Tandis que la ville se remet de cet épisode, une chose est sûre : le débat sur la statue de Ritchie ne se limite pas à une question locale. Il reflète les tensions plus larges entre tradition, modernité et légalité en Haïti. L’issue de cette controverse pourrait bien servir de précédent pour d’autres initiatives similaires à l’avenir.
En attendant, la place de Carrénage reste un lieu de mémoire – mais aussi de débat – pour une communauté divisée entre l’admiration pour ses héros vivants et la nécessité de bâtir un avenir respectueux des lois.