Kémi Séba en Haïti : un appel à la réconciliation nationale et à la souveraineté noire

En visite à Cap-Haïtien, le leader panafricaniste Kémi Séba annonce la création d’une commission de pardon destinée aux gangs armés et appelle à une refondation politique et sociale du pays.
Photo de Kémi Seba lors de sa prise de parole à Limonade,Haiti, téléchargée via son compte facebook. Photo de Kémi Seba lors de sa prise de parole à Limonade,Haiti, téléchargée via son compte facebook.
Photo de Kémi Seba lors de sa prise de parole à Limonade,Haiti, téléchargée via son compte facebook.

Le leader panafricaniste Stellio Gilles Robert Capo Chichi, plus connu sous le nom de Kémi Séba, est arrivé en Haïti le 28 juin 2025. Accueilli avec ferveur à Cap-Haïtien, il a effectué plusieurs apparitions publiques : une conférence de presse à Brise de Mer le jeudi 29 mai, un symposium à la Faculté de Droit, des Sciences Économiques et de Gestion, et une grande conférence publique le lundi 2 juin sur le campus Henri Christophe de Limonade de l’Université d’État d’Haïti.

Lors de cette conférence inaugurale, M. Séba a salué la résilience du peuple haïtien face aux multiples adversités que traverse le pays. Il a déclaré : « Quand un peuple subit autant de persécutions, de censures politiques et économiques, autant de déstabilisations, et demeure debout, c’est que ce peuple, le jour où il ravivera la flamme de l’espérance, deviendra le centre de gravité du monde noir dans son ensemble. »

« Le jour où Haïti ravivera la flamme de l’espérance, elle deviendra le centre de gravité du monde noir. »

Selon lui, Haïti n’a jamais été pardonnée par l’Occident depuis son rejet de l’oligarchie coloniale française. La souveraineté haïtienne, selon ses propos, suscite une méfiance persistante. Il a dénoncé deux mécanismes destructeurs : d’une part, les ONG qui perpétuent une colonisation déguisée ; d’autre part, la prolifération d’armes livrées à des Haïtiens pour qu’ils s’entretuent, rappelant les manipulations dans les quartiers noirs américains dans les années 1970.

Un appel à l’introspection et à la justice sociale

Kémi Séba a exhorté le peuple haïtien à une introspection profonde. Selon lui, les véritables obstacles sont internes : la corruption, les divisions, les égos exacerbés, et une répartition injuste des richesses. Il a dénoncé l’existence d’une minorité accaparant 95 % des ressources tandis que la majorité vit dans une misère extrême. « On ne peut critiquer le néolibéralisme à l’extérieur tout en tolérant à l’intérieur une caste détentrice de 95 % des richesses face à 99 % du peuple livré à une misère effroyable. »

Dans une déclaration marquante, Kémi Séba a affirmé avoir lancé un appel direct aux chefs de gangs armés : « Leurs véritables ennemis ne sont pas les citoyens démunis, mais ceux qui leur ont livré les armes afin qu’ils détruisent leur propre nation. »

Il a annoncé la création d’une commission de pardon et de réconciliation à venir, destinée aux membres de gangs ayant pris conscience de leur instrumentalisation. Cette démarche, selon lui, est indispensable pour reconstruire la nation sur des bases pacifiques et fraternelles. Plusieurs chefs de gangs l’auraient déjà contacté, se disant prêts à abandonner les armes pour devenir une force citoyenne opposée au néocolonialisme. « Vous serez surpris d’apprendre, dans les jours à venir, que certains parmi les plus influents d’entre eux ont entendu notre appel. »

Rendant hommage aux héros de Vertières, Kémi Séba les a érigés en modèles de l’idéal panafricaniste. Il a invité la jeunesse haïtienne à suivre leur exemple pour sortir le pays de son marasme.

« On ne peut critiquer le néolibéralisme à l’extérieur tout en tolérant une caste qui accapare les richesses à l’intérieur. »

Il a également vivement critiqué la décision de l’Union Africaine, prise selon lui sous la pression des États-Unis et de l’Union européenne, d’envoyer des troupes kenyanes contre les « frères haïtiens » désignés comme des gangs. Il affirme que le véritable problème n’est pas les gangs, mais ceux qui les arment pour maintenir le chaos et empêcher toute forme de développement ou de tourisme.

Il a aussi exprimé son soutien à la volonté affichée par le président américain Donald Trump de suspendre les financements de l’USAID. Selon lui, le peuple haïtien doit apprendre à vivre sans l’assistanat de ceux qui participent à sa domination.

Né à Strasbourg en 1981, Kémi Séba a renoncé à sa nationalité française le 8 juillet 2024 et est devenu citoyen béninois. Fondateur de l’organisation Urgence Panafricaniste, il œuvre sans relâche pour l’éveil des consciences africaines et la décolonisation des peuples noirs à travers le monde.

Add a comment

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *