Un rapport confidentiel rédigé par des experts de l’université de Berkeley (États-Unis) et transmis à la Cour pénale internationale (CPI) met en lumière les méthodes brutales de la milice privée russe Wagner dans plusieurs pays du Sahel. Ce document, récemment consulté par l’agence Associated Press, pourrait alimenter de nouvelles enquêtes sur des crimes de guerre dans cette région déjà marquée par une instabilité chronique.
Le rapport recense plusieurs vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux montrant des actes de torture, des mutilations et, dans certains cas, des actes de cannibalisme présumé. Ces enregistrements, bien que non authentifiés à ce stade, pourraient constituer des éléments de preuve dans le cadre d’investigations futures menées par la CPI.
Selon les experts, ces actes pourraient relever de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité s’ils étaient confirmés par des enquêtes judiciaires approfondies. Les auteurs du rapport soulignent également la nécessité de recueillir d’autres témoignages et éléments matériels pour corroborer ces images.
Le groupe paramilitaire Wagner, étroitement lié au Kremlin malgré l’absence de reconnaissance officielle, est accusé d’intervenir activement dans les affaires militaires de plusieurs États sahéliens, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Ces pays, actuellement dirigés par des juntes militaires, auraient sollicité le soutien du groupe pour lutter contre les insurrections djihadistes, selon plusieurs sources diplomatiques et humanitaires.
La présence de Wagner s’est renforcée après le retrait progressif de plusieurs forces occidentales, notamment françaises, de la région. Cependant, ce soutien militaire s’accompagnerait de méthodes particulièrement violentes, souvent dénoncées par des ONG de défense des droits humains.
Depuis plusieurs mois, les organisations internationales, dont Human Rights Watch et Amnesty International, dénoncent les exactions du groupe Wagner dans plusieurs localités rurales. Ces actes incluraient des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées et des actes de torture infligés à des civils soupçonnés de collaborer avec des groupes armés ou de s’opposer aux autorités locales.
La CPI, déjà saisie de plusieurs dossiers sur la situation au Mali, pourrait s’appuyer sur ce nouveau rapport pour étendre ses enquêtes dans la région. Pour l’instant, aucune inculpation formelle n’a été annoncée, mais les révélations du rapport de Berkeley pourraient accélérer le processus judiciaire.
Malgré les alertes répétées, la coopération entre certaines autorités militaires sahéliennes et le groupe Wagner semble se poursuivre. Cette situation suscite de vives inquiétudes, tant sur le plan des droits humains que sur celui de la stabilité régionale. En l’absence d’encadrement juridique clair, les mercenaires de Wagner bénéficieraient d’un climat d’impunité, compromettant toute tentative de justice pour les victimes des abus commis.
L’avenir dira si ces révélations seront suivies d’actions concrètes de la part de la communauté internationale. En attendant, la population civile continue de subir les conséquences d’un conflit de plus en plus opaque et violent.