Le programme nucléaire iranien a-t-il vraiment été détruit après les frappes américaines ?

Malgré les déclarations de Donald Trump, un rapport du renseignement américain remet en cause l’efficacité des frappes contre les installations nucléaires iraniennes.
Pour la 3e nuit consécutive, Israël mène des raids aériens sur Téhéran tandis que l'Iran riposte par des tirs de missiles vers Israël. 📍Crédit : Yannick Vely

Malgré les déclarations triomphantes de Donald Trump, les frappes américaines du week-end dernier contre l’Iran n’auraient pas totalement neutralisé le programme nucléaire du pays. Selon des documents du renseignement américain et des observateurs internationaux, les installations iraniennes sont endommagées, mais loin d’être hors d’usage.

L’opération militaire conjointe menée par les États-Unis et Israël avait pour objectif de frapper plusieurs sites stratégiques liés au programme nucléaire iranien. Les bombardements ont visé notamment les complexes de Fordo, Natanz et Ispahan, connus pour abriter des centrifugeuses et du matériel d’enrichissement d’uranium.

Si Donald Trump a affirmé que le programme nucléaire iranien avait été “complètement détruit” et retardé “de plusieurs décennies”, les premières évaluations du renseignement américain nuancent fortement ce bilan. Selon un rapport confidentiel relayé par plusieurs médias, les frappes ont causé des dégâts principalement en surface, scellant des entrées et affectant des bâtiments extérieurs, mais sans toucher les infrastructures souterraines ni les principales capacités d’enrichissement.

« La partie n’est pas terminée. » — Un conseiller d’Ali Khamenei

« Les installations nucléaires ne doivent jamais être attaquées, quel que soit le contexte. » — AIEA

L’évaluation de l’AIEA

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a confirmé que des centrifugeuses à Natanz ont été gravement endommagées et que des “dégâts très importants” sont probables à Fordo. Toutefois, l’AIEA n’a pas encore pu vérifier l’étendue des dégâts sur les stocks d’uranium, qui auraient été déplacés. L’agence continue de plaider pour l’accès aux sites afin d’évaluer la situation, tout en appelant à la retenue de la part des puissances impliquées.

Du côté iranien, les autorités rejettent toute idée de capitulation. Le gouvernement affirme avoir pris des mesures pour assurer la continuité du programme nucléaire. Un conseiller du guide suprême, Ali Khamenei, a déclaré que “la partie n’est pas terminée” et que l’Iran conserve ses stocks d’uranium enrichi, ses compétences techniques et sa détermination politique.

En réaction à ce qu’il considère comme une attaque illégale contre ses installations, le Parlement iranien a voté la suspension de la coopération avec l’AIEA. Une décision qui pourrait compliquer davantage les efforts de surveillance internationale.

L’attaque des installations nucléaires a ravivé les tensions au Moyen-Orient. L’AIEA a réitéré que les sites nucléaires “ne doivent jamais être attaqués”, indépendamment du contexte géopolitique. Elle n’a toutefois pas directement condamné les frappes américaines ou israéliennes.

Tandis que l’Iran dénonce une agression et que les États-Unis s’estiment victorieux, le risque d’escalade régionale demeure élevé. À ce stade, le programme nucléaire iranien est bel et bien ralenti — mais certainement pas éliminé.

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