Les pays membres de l’OTAN se sont engagés à un objectif ambitieux : porter leurs dépenses militaires à 5 % de leur produit intérieur brut (PIB) d’ici 2035. Cette décision, prise lors du sommet de l’Alliance les 25 et 26 juin, marque une évolution stratégique majeure dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu.
Un objectif salué comme une “très grande victoire” par le président américain Donald Trump, fervent défenseur d’une augmentation des budgets nationaux pour la défense depuis son retour à la Maison-Blanche.
Que signifie ce seuil de 5 % ?
Le nouvel objectif, bien que non contraignant, constitue une référence politique forte. Il comprend :
- 3,5 % pour la défense “pure” (troupes, équipements, entretien),
- 1,5 % pour la cybersécurité, les infrastructures et la logistique.
Actuellement, l’objectif officiel de l’OTAN reste de 2 %, mais un tiers des pays membres ne l’atteignent toujours pas, selon le site Toute l’Europe.
Le président Emmanuel Macron a exprimé son soutien à cette orientation. Pour la France, cela impliquerait un effort budgétaire majeur, passant de 68 milliards d’euros actuellement à plus de 145 milliards d’euros par an.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez juge cet objectif “déraisonnable et contre-productif” pour son pays. Une inquiétude partagée par d’autres États membres, notamment face aux difficultés économiques et aux priorités sociales.
Pourquoi maintenant ?
Cette montée en puissance des budgets militaires s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre l’OTAN et la Russie, notamment en raison de la guerre en Ukraine, et de l’imprévisibilité croissante des relations transatlantiques.
Donald Trump a, à plusieurs reprises, menacé de ne plus garantir la protection des pays “mauvais payeurs” : en 2024, il déclarait que la Russie pouvait “faire ce qu’elle veut” avec les pays qui n’investissaient pas assez dans leur défense.
Même si l’article 5 du traité fondateur de l’OTAN stipule qu’une attaque contre un membre est une attaque contre tous, il n’existe aucune obligation juridique stricte de réaction militaire, ce qui alimente les incertitudes sur la solidité réelle de cette clause de solidarité.
Face à ces doutes, l’Union européenne a lancé en mars 2025 un plan de 800 milliards d’euros pour renforcer ses capacités militaires et réduire sa dépendance envers les États-Unis.
Le Royaume-Uni, quant à lui, a annoncé l’achat de 12 nouveaux avions américains F-35, capables de transporter des bombes nucléaires, afin de compléter sa force de dissuasion navale.
Ce sommet de l’OTAN s’achève sur un consensus stratégique inédit, mais fragile. L’engagement vers les 5 % témoigne d’un changement d’époque, où la sécurité devient une priorité absolue au sein des pays occidentaux. Mais les inégalités d’investissements, les désaccords politiques et les pressions économiques risquent de compliquer la mise en œuvre de cette ambition commune.