Dans un communiqué publié ce lundi, Amnesty International accuse Israël de mener une campagne délibérée de famine dans la bande de Gaza, fondée sur des témoignages recueillis auprès de déplacés et de personnels médicaux. L’ONG affirme que cette politique ne constitue pas un dommage collatéral, mais est le résultat intentionnel de plans et de politiques mises en place par Israël depuis le 7 octobre 2023, soit une durée de 22 mois .
Selon Amnesty, ces politiques visent à « détruire systématiquement la santé, le bien‑être et le tissu social à Gaza » (Malaysia Sun). Le rapport souligne notamment que le système de distribution d’aide militarisé, piloté en partie par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), est non transparent, inefficace, dangereux et contribue à la mort de civils, parfois tués en tentant d’accéder à l’aide (Amnesty International Australia).
« Détruire systématiquement la santé, le bien-être et le tissu social à Gaza. » — Amnesty International
« Il n’existe aucun signe de malnutrition généralisée à Gaza. » — COGAT (Israël)
Un bilan dramatique : décès liés à la malnutrition à Gaza
- Selon le Ministère de la Santé de Gaza, 235 personnes sont mortes de famine ou de malnutrition depuis le 7 octobre 2023, dont 106 enfants. Ces chiffres incluent 8 décès survenus au cours des dernières 24 heures (dont plusieurs enfants) (OCHA OPT).
- L’Office de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) alerte également sur une situation d’« étoile faim » devenue réalité. Il note une augmentation drastique des décès liés à la faim et décrit Gaza comme un espace désormais confiné, où les civils se retrouvent dans des zones non sécurisées sans accès suffisant aux services essentiels (UNOCHA).
- L’OMS indique que sur 74 décès liés à la malnutrition en 2025, 63 sont survenus en juillet, dont nombreux étaient déjà en état d’extrême famine à l’arrivée dans les établissements de santé (World Health Organization).
- Le rapport IPC (Integrated Food Security Phase Classification), soutenu par l’ONU, évoque un réel « scénario de famine de pire cas » à Gaza, précisant que les seuils de famine ont été franchis dans une grande partie du territoire. Le rapport fait état de plus de 122 décès par famine dont 83 enfants, ainsi que plus de 28 000 cas de malnutrition signalés (TIME).
Réponse d’Israël : déni de famine généralisée
De son côté, COGAT, le service civil du ministère de la Défense israélien, affirme qu’il n’existe aucun signe de malnutrition généralisée à Gaza. Il reconnaît toutefois l’existence de « poches où l’accès à la nourriture est difficile » et affirme travailler avec des organisations humanitaires pour les identifier et les assister (The Times of Israel). L’agence réfute également les images de malnutrition comme représentatives d’un phénomène généralisé (The Times of Israel, Athens Times).
Contexte humanitaire élargi : aide bloquée, décès sur les points de distribution
- Une coalition de 27 pays a demandé à Israël de permettre un accès complet et permanent de l’ONU et des organisations humanitaires à Gaza, face à une famine aggravée, avec des taux de décès et de malnutrition parmi les plus alarmants depuis le début du conflit .
- Des aides humanitaires sont massivement retardées, détournées ou refusées à la frontière d’Égypte, souvent pour des raisons bureaucratiques mineures. Depuis le 27 juillet, seules ~1 334 camions ont franchi la frontière, loin des 600 camions par jour jugés nécessaires par les ONG.
- Plus de 100 ONG, dont Médecins Sans Frontières, Oxfam et CARE, accusent Israël d’obstruction massive à l’entrée de l’aide. En juillet uniquement, plus de 60 demandes ont été rejetées, laissant des dons bloqués en Jordanie ou Égypte .
- Selon l’Associated Press, les hôpitaux à Gaza reçoivent 10 à 20 enfants gravement malnutris par jour. En juillet, les organisations onusiennes ont documenté plus de 12 000 cas d’enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë, dont 2 500 cas sévères .
- La Washington Post alerte que même si la famine est officiellement déclarée, les infrastructures médicales sont effondrées (94 % des hôpitaux endommagés ou détruits), et que le traitement de la malnutrition sévère nécessite des soins spécialisés, largement indisponibles.
L’accusation d’Amnesty International d’une campagne de famine délibérée à Gaza s’appuie sur des témoignages, des politiques ciblées et des conséquences humanitaires tragiques. Ces affirmations sont confortées par les données de décès et de malnutrition, par le témoignage de personnel médical et d’organisations internationales, et par le refus d’admettre l’ampleur de la crise par les autorités israéliennes. La situation humanitaire demeure catastrophique, avec une aide insuffisante, des infrastructures médicales détruites et des familles désespérées.
