Pour la première fois depuis le G20 d’Osaka en 2019, et surtout depuis le déclenchement de l’invasion russe à grande échelle de l’Ukraine en 2022, le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine vont se rencontrer en personne ce vendredi sur la base militaire d’Elmendorf-Richardson, près d’Anchorage.
L’objectif officiel affiché : négocier un cessez-le-feu en Ukraine, un processus que Donald Trump qualifie lui-même de « risqué », estimant les chances d’échec à 25 %. À l’issue des discussions, une conférence de presse commune est prévue, symbole d’un dialogue direct rare entre les deux puissances rivales.
L’Alaska n’a pas été choisi par hasard. Proche de la Russie — seulement 80 km la séparent au niveau du détroit de Béring —, l’État américain est un point d’équilibre géographique : environ 7 000 km de Moscou et 5 500 km de Washington.
Historiquement, il fut un territoire de l’Empire russe vendu aux États-Unis en 1867 pour 7,2 millions de dollars. Les vestiges de cette époque, comme certaines églises orthodoxes russes, rappellent encore ces liens anciens.
« L’Alaska est la localisation la plus stratégique au monde » — Mike Dunleavy, gouverneur
« Il y a 25 % de chances que cela échoue » — Donald Trump, au sujet du cessez-le-feu en Ukraine
Ce choix offre aussi à Vladimir Poutine un environnement diplomatiquement sûr : visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale depuis 2023, il évite la plupart des déplacements à l’étranger. Les États-Unis, ne reconnaissant pas la CPI, permettent cette rencontre sans risque juridique pour le dirigeant russe.
Si la guerre en Ukraine sera au cœur des discussions, l’Arctique et ses ressources stratégiques — pétrole, gaz, minerais rares — constituent un autre point majeur. Le réchauffement climatique ouvre progressivement de nouvelles voies maritimes, attisant l’intérêt des deux pays membres du Conseil de l’Arctique. Ce forum, censé favoriser la coopération entre États riverains et communautés autochtones, est aussi devenu un terrain de rivalités stratégiques.
Le gouverneur d’Alaska, Mike Dunleavy, résume ainsi l’importance de son État : « la localisation la plus stratégique au monde », à la jonction de l’Amérique du Nord et de l’Asie, entre Pacifique et Arctique.
Donald Trump n’exclut pas la tenue d’un second sommet, cette fois en incluant le président ukrainien Volodymyr Zelensky, si des progrès sont enregistrés. Toutefois, l’Ukraine et ses alliés européens redoutent qu’un compromis américano-russe ne soit négocié sans Kiev à la table des discussions.
Le président français Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky ont déjà prévu de se rencontrer dans la foulée de ce sommet pour coordonner leurs positions et maintenir la pression diplomatique sur Moscou.
