Le gouvernement français traverse une nouvelle zone de turbulences politiques. Lundi 8 septembre 2025, l’Assemblée nationale a adopté une motion de censure qui a provoqué la chute du Premier ministre François Bayrou, en poste depuis seulement neuf mois. Sur les bancs de l’hémicycle, 364 députés ont voté pour renverser l’exécutif, tandis que 194 l’ont soutenu, sanctionnant ainsi un projet budgétaire jugé trop austère.
Cette défaite plonge la présidence d’Emmanuel Macron dans une crise institutionnelle persistante. Le chef de l’État doit désormais nommer un cinquième Premier ministre depuis janvier 2024, un chiffre qui illustre l’instabilité chronique du paysage politique français. Selon l’Élysée, la démission officielle de François Bayrou sera acceptée dans les prochaines heures, et un nouveau chef de gouvernement sera désigné « dans les prochains jours ».
« Cette motion illustre l’instabilité chronique qui paralyse la vie politique française. »
Le plan de rigueur défendu par Bayrou prévoyait une réduction de 43,8 milliards d’euros des dépenses publiques. Parmi les mesures les plus controversées figurait la suppression de deux jours fériés payés, une proposition qui a suscité un rejet massif au Parlement. Cette cure d’austérité visait à contenir un déficit public estimé à 5,4 % du PIB en 2025 et une dette colossale de 3 300 milliards d’euros, mais elle a ravivé la colère des élus et des syndicats.
L’échec du gouvernement Bayrou intervient dans un contexte de fragilité économique. Les marchés financiers surveillent de près la situation, craignant une perte de confiance prolongée. Les analystes redoutent qu’une France jugée « ingouvernable » ne parvienne plus à contrôler son endettement, avec des projections indiquant que les intérêts de la dette pourraient dépasser 100 milliards d’euros annuels d’ici 2029.
Sur le plan politique, Emmanuel Macron dispose de peu de marges de manœuvre. La nomination d’un nouveau Premier ministre apparaît comme l’option la plus probable, mais aucun candidat ne pourra échapper aux blocages d’une Assemblée sans majorité claire. Certains évoquent l’hypothèse d’un gouvernement technique, composé de hauts fonctionnaires, tandis que d’autres évoquent des élections anticipées, même si elles pourraient déboucher sur une impasse similaire.
Parmi les noms avancés pour succéder à Bayrou figurent le ministre des Armées Sébastien Lecornu, le ministre de la Justice Gérald Darmanin, et le ministre de l’Économie Éric Lombard. Quoi qu’il en soit, le futur chef de gouvernement héritera d’une mission particulièrement délicate : restaurer la confiance dans les institutions tout en maîtrisant les finances publiques.
« Nous devons restaurer la confiance des citoyens et des marchés dans la stabilité de la France. » — Emmanuel Macron
Dans un scénario extrême, certains observateurs évoquent la possibilité d’une démission du président Macron, mais celle-ci reste jugée hautement improbable compte tenu de ses déclarations récentes. Pour l’heure, la priorité de l’exécutif est de maintenir la continuité de l’État et de rassurer partenaires européens, marchés financiers et citoyens inquiets face à cette instabilité durable.
