Le gouvernement italien a donné son accord pour lancer la construction du pont de Messine, un projet titanesque visant à relier la Sicile au continent à travers le détroit du même nom. Avec une portée centrale prévue de plus de 3,3 kilomètres, il deviendra, s’il voit le jour, le plus long pont suspendu du monde.
Évalué à 13,5 milliards d’euros, le chantier sera mené par un consortium international d’ingénierie et financé en partie par des fonds publics. Selon le ministère italien des Infrastructures, les travaux devraient durer près d’une décennie, pour une mise en service envisagée au début des années 2030.
Un vieux rêve italien
L’idée de relier la Sicile à la péninsule italienne remonte au XIXᵉ siècle et a fait l’objet de nombreuses études depuis les années 1970. Maintes fois repoussé pour des raisons financières, techniques et politiques, le projet refait surface alors que le gouvernement mise sur la modernisation des infrastructures et le désenclavement du sud du pays.
« Ce projet reliera la Sicile au continent et fera du pont de Messine le plus long pont suspendu du monde. »
« Ce n’est pas seulement un ouvrage d’art, c’est un symbole stratégique pour l’Italie et l’Union européenne. »
Pour ses défenseurs, le pont réduira considérablement les temps de transport entre la Sicile et le continent, favorisera les échanges économiques et renforcera l’intégration territoriale.
Des critiques environnementales et sociales
Le projet ne fait toutefois pas l’unanimité. Plusieurs ONG environnementales alertent sur ses effets potentiels sur l’écosystème marin et sur les espèces protégées du détroit de Messine, zone réputée pour sa biodiversité et ses courants marins complexes.
Les opposants évoquent aussi les risques sismiques — la région étant l’une des plus actives tectoniquement en Europe — ainsi que le détournement de fonds publics au détriment d’autres priorités : rénovation des infrastructures existantes, développement des transports publics ou lutte contre le chômage dans le sud du pays.
Pour le gouvernement, le pont de Messine dépasse la simple prouesse technique : il représente un atout stratégique pour l’Italie et l’Union européenne. L’ouvrage, qui accueillera à la fois une autoroute et une voie ferrée à grande vitesse, renforcerait les connexions entre les grands axes ferroviaires et routiers européens et les ports méditerranéens, tout en positionnant la Sicile comme un hub majeur du commerce maritime international.
Les premières phases préparatoires, dont les études d’impact, devraient débuter dans les prochains mois. Reste à savoir si ce pari architectural et politique pourra franchir les obstacles techniques, relever les défis environnementaux et surmonter les tensions budgétaires qui l’entourent.
